Sur les plateaux TV, le sujet est repris en boucle. Les Zemmour, Le Pen et autres Darmanin y reviennent sans cesse. Un seul mot d’ordre : l’immigration. Il y en a trop et il faut que cela cesse.
Cette idée n’est pas neuve.
En 2011, lorsqu’éclate la guerre en Syrie, les journaux titrent sur la crise migratoire. En 2021, c’est l’arrivée potentielle des Afghans qui effraie. Demain, ce sera une nouvelle guerre au Moyen-Orient. Ou l’Afrique et ses exilés climatiques.
Jusqu’à présent, les discours sur l’immigration côtoient ceux sur l’identité nationale, la fermeture des frontières et la peur des Autres. Autres religions, autres couleurs, autres nationalités.
On débat sur les chiffres. En hausse et toujours en trop. Sans se poser la question du sujet lui-même. Tellement commun qu’on n’aurait plus à en parler.
Alors, de quoi parle-t-on ?
L’immigration fait référence à l’ensemble des personnes qui, nées à l’étranger, viennent s’installer durablement en France métropolitaine. Ces personnes, ce sont les immigrés.
Parler d’immigration, plutôt que des immigrés, met l’accent sur un phénomène de groupe, collectif et global. On s’intéresse au mouvement plutôt qu’aux personnes. Et puisqu’on parle d’immigration au singulier, on simplifie : on la réduit à un point de départ et un point d’arrivée.
De ce fait, on gomme les parcours individuels. Car chaque émigré a son histoire, son origine, ses raisons et son parcours semé d’embûches, comme l’explique si bien ce géographe au sujet de la crise syrienne. Pour arriver jusqu’en Europe, de nombreux lieux auront été franchis : certains s’arrêtant ou étant arrêtés en cours de route, quand d’autres y perdront la vie.
Regarder l’immigration comme un phénomène global oblitère ces réalités : qui se déplace, pour quelles raisons et comment.
Cette vision n’est pas sans conséquence. Car si toutes ces vies sont réduites à leur déplacement, elles n’ont alors qu’un point commun : leur point de chute. A savoir, la France. La question de l’immigration se pose alors en termes d’accueil : Faut-il ou non ouvrir les frontières ? A-t-on de la place ? Comment gérer les arrivées ?
En changeant les termes du débat, nous pouvons changer notre vision de l’immigration. D’ailleurs, le président Macron l’a bien compris. Dans son discours du 16 août 2021 concernant l’arrivée au pouvoir des Talibans en Afghanistan, il choisit de parler de “flux migratoires irréguliers”.
Que signifie ce changement lexical du Président ?
2 réflexions sur “Immigré, exilé ou expatrié : qui êtes-vous ?”
En tant qu’exilée et immigrée volontaire, je dirai que le plus important est de respecter le pays qui accueille en s’adaptant à ses us et coutumes. C’est sans doute plus difficile à faire quand il s’agit d’un exil forcé par les événements mais c’est à ce prix que de bonnes relations peuvent s’établir entre le pays d’accueil et l’immigré.e.
Merci pour ce commentaire qui est à la fois la raison qui me pousse à écrire et une source d’inspiration. Car cette idée d’une plus grande difficulté d’adaptation n’est pas forcément vraie : ça dépendra des politiques des pays d’accueil et, notamment, si l’on prône l’intégration ou l’assimilation. Je me note d’écrire un article sur le sujet prochainement et, j’espère, avoir à nouveau ton avis sur le sujet.